L'éolienne Bollée de Brezolles

L'ÉOLIENNE BOLLÉE DE BREZOLLES

Il reste peu d'éoliennes de ce type en France. Brezolles peut s'enorgueillir d'en avoir un beau spécimen. Cet appareil présente certaines originalités qui ont fait l'objet de brevets de la part de leurs inventeurs, la famille Bollée.

Ernest Sylvain Bollée a utilisé ce mot « éolienne » pour la première fois (1885) comme nom commun et non plus comme un adjectif (énergie éolienne). Le mot se retrouve dans le Larousse quelques années plus tard en 1907. La famille Bollée, industriels prospères au Mans, était à l'origine fondeurs de cloches, au départ itinérants puis installés au Mans. La fonderie élargit ses fabrications aux robinets, pompes, canalisations, béliers hydrauliques et même aux automobiles. La révolution industrielle de la fin du XIXème siècle exige un approvisionnement en eau plus important et aux normes de pureté plus stricte (déjà !), d'où un premier brevet pour une éolienne en 1868, amélioré par la suite (1876) pour optimiser le rendement. Ces premières éoliennes sortent de l'usine en 1872-73. Auguste Bollée préfère s'adonner à sa passion, la peinture et revend le brevet et l'entreprise à son successeur E. Lebert en 1898 qui poursuit la fabrication des éoliennes sous la marque « Bollée » à cause de son prestige. L'activité a ensuite décliné pendant la grande guerre (fin de production en 1920).

Achetées par des propriétaires fortunés recherchant un certain confort moderne, ces éoliennes alimentaient en eau courante les bassins et les jardins. Des municipalités en ont fait ensuite aussi l'acquisition car c'était un luxe qui est vite devenu un besoin. L'éolienne de Brezolles a été construite en 1888 puis installée chez Monsieur Raveneau. La propriété fut rachetée beaucoup plus tard par la municipalité pour y installer la mairie. Il s'agit d'une éolienne de type 2 d'un diamètre de 3.50 mètres. Elle est constituée de deux systèmes de pales, comme dans une turbine. Le premier est fixe (stator de 32 pales) et le second est mobile (rotor de 24 pales).Les pales du stator sont obliques pour orienter le vent et permettre une attaque perpendiculaire du flux aérien sur les pales du rotor. Une jante évasée en entonnoir fixée sur le stator permet d'accélérer l'air qui y pénètre et d'augmenter le rendement. L'orientation de l'ensemble face au vent se produit mécaniquement grâce à une roue à ailette de 90 cm de diamètre placée devant le stator qui grâce à un jeu d'engrenage oriente toute la tête de l'éolienne jusqu'à son arrêt face au vent. Elle repose sur une colonne en fonte supportant l'escalier spiral et dans laquelle passe l'arbre de commande de la pompe.

L'apparition du moteur électrique et du moteur à explosion a précipité la baisse d'intérêt pour l'énergie éolienne. Pourtant, la quasi-perfection atteinte il y a plus d'un siècle par ces machines capables de capter l'énergie du vent redevient à la mode. Peut-être en passant devant notre éolienne, vous ne la regarderez plus comme avant.

 

L'éolienne a été déplacée au milieu du giratoire en 2020.